Nous donnons la parole aujourd’hui à Luana Karen Andriamamonjy, suite à sa victoire dans la catégorie Jeux Vidéo du Digital Lab Africa, un événement mettant en avant la création de contenu en lien avec l’innovation en Afrique. En effet, Karen développe à Madagascar et au sein du studio Red Raketa un jeu d’aventure et de plate-forme à la troisième personne, Kalanoro. Au sein de d’Afrogameuses, Karen aka Kaeloo est aussi une membre remarquable, puisqu’elle est responsable de projets streaming. Rencontre avec une joueuse engagée.
En quelques mots, comment pourrais-tu te présenter ?
En quelques mots je dirais : un petit geek gourmand, passionnée par le grand univers des nouvelles technologies dont les jeux vidéo depuis toute petite, une passion qui me permet aujourd’hui de streamer (malgré les soucis de courant et de connexion bridée) et de développer des jeux malgaches. J’ai à cœur d’aider au développement de l’écosystème tech particulièrement à Madagascar, et pourquoi pas en Afrique, ne serait-ce que par de toutes petites actions.
En quoi consiste ton projet de jeu vidéo nommé provisoirement Kalanoro ?
KALANORO est un jeu d’aventure plateforme à la troisième personne. A l’aide de pouvoirs issus des quatre éléments, le joueur aura pour mission de sauver les habitants de l’île qui ont été transformés en poulet par une sorcière. Cette quête mènera le joueur dans les lieux emblématiques de Madagascar où il devra affronter les créatures aussi drôles que dangereuses, toutes mythiques du folklore malagasy.
Quelle a été la genèse du projet Kalanoro ?
L’inspiration vient de tous ces jeux auxquels nous avons joué depuis toujours avec mes amis Dina et Steevie qui sont les acteurs principaux au sein de Red Raketa, le jeune studio qui développe actuellement Kalanoro. On a eu envie, depuis un moment déjà, de créer nos propres jeux et d’y ajouter notre sauce : la culture, l’humour. Il y a tellement de jeux qui nous inspirent que ce serait difficile d’en citer mais nombreux disent par exemple que ça leur rappelle A Hat in time.
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Quels sont vos objectifs concernant Kalanoro ?
L’ambition est de lancer un jeu fun (avec des dad jokes, de drôles de quêtes, etc.) mais avec une touche culturelle comme Kalanoro rappelle Madagascar, ses paysages, sa culture et ses légendes. Le jeu se veut être pour tout âge, incluant les enfants sur lesquels nous nous focalisons. Et qui sait, pourquoi pas créer une figure emblématique du jeu vidéo africain dans le style de Mario et Zelda ?
Comment se passe le financement d’un tel projet ?
On n’a pas d’opportunités dans le genre à Madagascar, le seceur du jeu vidéo étant encore “peu” connu bien qu’il commence réellement à se développer grâce à des studios qui ont fait le premier pas en se lançant dans le développement de jeux. Pour le moment, le peu d’investissement provient bien sûr de chacun de nous. Je dis “peu” d’investissement car on s’est toujours mis en tête qu’avec du financement ou pas, on le développera et on le sortira ce jeu. Nous connaissons tous l’histoire de grands de ce monde qui ont commencé avec le peu qu’ils avaient, dans leur chambre ou dans leur garage, on se dit pourquoi ça nous arrêterait ?
Peux-tu nous parler de tes engagements associatifs ?
Je suis responsable des projets streaming chez Afrogameuses, en gros tout ce qui touche au streaming et donc aux afrostreameuses de l’asso. Ça va de la régie des lives évènements de l’asso (style talk, conférence, etc.) – quand je peux me le permettre, parce qu’habitant à Madagascar je vis encore les récurrentes coupures de courant et de la connexion aussi- au côté backstage des lives de nos streameuses sur la chaîne d’Afrogameuses (planning, droits, overlay, etc.), et à ce qu’il y a autour du streaming comme les potentielles collaborations.
Je suis aussi membre de Women in Tech Madagascar, il s’agit d’une association qui vise à intégrer particulièrement plus de femmes dans le domaine des nouvelles technologies par le biais de ses activités. Nous voudrions qu’elle soit une communauté d’entraide et de soutien qui encourage plus de femmes à s’intéresser davantage, à s’impliquer dans ce secteur et à s’en imprégner. Les hommes ne sont pas exclus bien sûr, et nous travaillons aussi de sorte à proposer des activités dans le domaine pour les enfants.
On souhaiterait sensibiliser un maximum de personnes à la diversité dans la Tech car beaucoup pensent encore que technologie rime avec bureautique, développement de sites et d’applis. Tout cela se fait à travers des formations (comme en 2017 avec une formation gratuite en développement de jeu vidéo), des ateliers, des séances de partage, des sensibilisations dans des établissements scolaires, etc.
Women in Tech Madagascar est en quelque sorte, pour moi, une manière aussi de partager ma passion et l’association me permet de réaliser mes objectifs de participation au développement du secteur, de partage de compétences (aussi bien tech que le côté soft skills), de rencontrer énormément de passionnés et de créer de belles choses avec eux pour l’écosystème tech local, pour le pays.
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